Le 30 avril 2022 à Serrières-en-Chautagne et le 1er mai à Chambéry, va être célébré le 100e anniversaire de l’ordination épiscopale de Joanny Thévenoud, savoyard, Père Blanc, premier évêque de Ouagadougou au Burkina Faso. Ces cérémonies ne sont pas la manifestation d’une nostalgie du passé, mais au contraire, s’inscrivent dans la vie pastorale de l’Église de Savoie d’aujourd’hui.
Joanny Thévenoud n’a finalement jamais exercé de ministère en Savoie et reste un inconnu pour la majorité des fidèles ; alors pourquoi le mettre à l’honneur, lui spécifiquement ? A cela trois raisons :
Une histoire commune
Tout d’abord, il fait partie de notre histoire religieuse comme il fait partie de l’histoire religieuse et même de l’histoire générale du Burkina Faso. Sa longévité exceptionnelle en fait non seulement un témoin mais un des principaux acteurs de la christianisation de l’Afrique de l’Ouest, fondateur de l’Église burkinabè. Son rôle a également été essentiel sur les plans économiques et sociaux.
Une autre vision de la christianisation
Deuxièmement, faire connaître l’œuvre de cet évêque permet de proposer une autre vision de l’évangélisation au XXe siècle. En faisant l’amalgame entre colonisation et christianisation, cette vision partielle de l’histoire a contribué à éloigner, voire à détourner certaines personnes de l’Église. Ces commémorations n’ont, bien entendu, pas pour objet de débattre de la colonisation, mais elles proposent un exemple concret de l’action de l’Église, dans les conditions de l’époque, qui vient remettre en question un certain nombre de préjugés.
Une capacité à rassembler aujourd’hui
Enfin, Joanny Thévenoud est toujours capable d’intéresser et de mobiliser en Savoie, ancienne terre de chrétienté, devenue terre de mission. Cette histoire commune, commencée il y a près de 120 ans, est toujours une histoire en cours d’écriture, sans cesse régénérée par les échanges réguliers tous les deux ans (hors période Covid) entre Chambéry et Ouagadougou, à l’occasion des pèlerinages de Lourdes ou de Notre-Dame de Yagma. Histoire régénérée par le dynamisme de l’Église africaine qui vient donner un nouvel élan à notre Église par la présence de deux prêtres fidei donum (actuellement Martin Simporé et Désiré Boudah). C’est aussi l’aide que peuvent apporter les diocèses de Savoie à l’archidiocèse de Ouagadougou en accueillant des prêtres étudiants (actuellement Pascal Yanogo et Tanguy Nana). Enfin, c’est un souffle apporté par l’implantation d’une communauté de Sœurs de l’Immaculée Conception de Ouagadougou à Chambéry-le-Haut depuis sept ans (actuellement Sr Thérèse Compaore et Sr Raya Sawadogo) et l’arrivée d’une deuxième communauté prévue de s’installer à Aix-les-Bains (avec Sr Odette Nikiema et Sr Marina Kabore).
Tout cela permet d’approfondir notre connaissance de l’autre et de renforcer des liens qui pour être très anciens, n’en demeurent pas moins très fragiles. À nous, donc, d’écrire la suite de cette histoire, et demain commence le 30 avril 2022 …