1/ Un destin inattendu

Quand il voit le jour à Chambéry, le 17 février 1841, Adolphe Camille Jean Marie Costa de Beauregard parait hériter d’un destin déjà tracé : celui d’un membre d’une des plus illustres lignées de la noblesse savoyarde.

Son père, le marquis, Pantaléon Costa de Beauregard est premier écuyer du roi de Piémont-Sardaigne, Charles Albert qui préside alors aux destinées de la Savoie. Homme de vaste culture, très impliqué dans la vie politique de Savoie, il siègera bientôt au parlement de Turin. Il s’est uni par le mariage à Marthe de Saint-Georges de Vérac, membre de la célèbre famille de Noailles. Ils auront onze enfants.

Couple profondément chrétien, la sobre devise de la famille est éloquente : Soli Fidelis – Seulement Fidèle !

La famille possède un imposant château à La Motte-Servolex qu’elle déserte aux premiers froids pour occuper à Chambéry deux étages d’un immeuble bourgeois, rue Royale (actuelle rue Jean-Pierre Veyrat).

Une éducation rigoureuse et une pratique religieuse austère marquent les premières années du jeune Camille qui, à l’âge de sept ans, rejoint comme interne le pensionnat des Frères des Écoles chrétiennes de La Motte-Servolex.

Il n’y demeure que deux ans, car ses parents tiennent à confier aux jésuites la poursuite de son enseignement. Ceux-ci étant alors interdits en France, Camille, à la suite de trois de ses frères, rejoint leur collège de Brugelette à Mons (Belgique).

Il est ensuite élève des collèges de Vannes, puis de Toulouse, à la suite du retour de la Compagnie de Jésus en terre française. Ce changement d’établissement ne résulte pas d’un caractère dissipé de l’élève, mais tire sa cause de sa santé fragile qui n’a pu s’adapter au climat breton.

À l’âge de 16 ans, souffrant d’une affection pulmonaire, Camille rejoint la Savoie et le château familial où il est confié à un précepteur, l’abbé Chenal, qui a la charge de lui faire achever ses études à domicile.

Raffiné, épris d’art, servi par la douceur de ses yeux gris et le timbre de sa voix, Camille est un élégant adolescent, justement surnommé par ses amis, par le qualificatif de « chevalier ».